FAQ
La Commission de planification publie les questions les plus fréquemment posées afin de fournir aux résidents du bassin de la rivière des Outaouais et à ceux qui vivent en aval de la rivière, dans l’archipel de Montréal, des renseignements sur la façon dont la gestion intégrée des principaux réservoirs du bassin de la rivière des Outaouais est mise en œuvre, les limites de la régularisation du débit, les connaissances concernant le régime d’écoulement de la rivière et d’autres sujets d’intérêt.
Cette FAQ contient des questions qui ont été souvent posées ou qui abordent certains sujets pouvant intéresser la population selon la Commission de planification. Veuillez faire parvenir vos commentaires, suggestions et questions au Secrétariat pour la régularisation de la rivière des Outaouais (voir la page Nous joindre).
Plusieurs facteurs influencent la durée et l’ampleur d’une crue printanière. Les principaux facteurs sont présentés ci-dessous par ordre dans lequel ils peuvent apparaitre — et non par ordre d’importance:
- L’état de recharge de la nappe phréatique à la fin de l’hiver;
- La quantité d’eau contenue dans la neige au sol avant le début de la fonte printanière;
- La vitesse de fonte de la couverture de neige;
- Les quantités de précipitation reçues et les caractéristiques des épisodes de pluie pendant la période de fonte.
Il est important de préciser que ces « facteurs » sont des éléments qui contribuent aux inondations. Ils ne doivent pas être considérés comme des « prédicteurs » d’inondations futures. Le couvert de neige, par exemple, change constamment. En ce qui concerne les précipitations, les prévisions des quantités à recevoir ne sont connues que quelques jours voire même quelques heures avant qu’elles ne se produisent réellement. Une connaissance précise de ces quantités n’est connue qu’après l’événement de pluie.
Durée:
La durée de la crue printanière est déterminée par:
- Le volume d’eau provenant de la fonte de la couverture de neige dans tout le bassin versant;
- Les précipitations reçues pendant la période de fonte.
Il est impossible de savoir quelle quantité de pluie sera reçue plus de quelques jours et même quelques heures à l’avance. Cependant, certains facteurs qui influencent le volume de la fonte des neiges peuvent survenir dans les mois précédant la crue printanière.
Saturation du sol: une fin d’automne pluvieuse et un début d’hiver avec de fortes pluies et un sol détrempé pendant le gel hivernal peuvent affecter les conditions de la rivière en hiver et au printemps. Dans cette situation, le sol aura un degré de saturation élevé et cela diminuera la capacité du sol à absorber l’eau de la fonte des neiges au printemps. Des redoux hivernaux importants au cours desquels une partie de la couverture de neige fond peuvent également avoir le même effet. En bref, la saturation des sols contribue à augmenter le volume d’eau de la rivière de deux manières:
- En augmentant le débit de base;
- En augmentant la partie de la couverture de neige qui se transformera en ruissellement lors de la fonte.
Équivalent en eau de la neige: il s’agit de la quantité d’eau qui est contenue dans le couvert de neige. L’équivalent en eau de la neige juste avant le début de la fonte est important. Une couche de neige qui a diminué et qui est devenue dense après les cycles de gel et de dégel peut contenir plus d’eau qu’une épaisse couche de neige fraîche. Une partie importante de la couverture de neige peut également disparaître par sublimation, un processus similaire à la façon dont la neige disparaît des toits même s’il fait trop froid pour qu’elle fonde. Cela dépend des conditions météorologiques de fin d’hiver telles que le vent et le soleil. De plus, les périodes de redoux en janvier ou février peuvent transformer une partie de la couverture de neige en ruissellement. Ce ruissellement quittera le bassin pendant la période hivernale. La teneur en eau de la couverture neigeuse au début du mois de mars est normalement une bonne première indication du volume d’eau à venir. Pour en savoir plus sur les conditions du couvert de neige, consultez les ‘Conditions actuelles’. (Remarque: la fonction ‘Neige au sol’ n’est disponible que du début février à la fin de la crue).
Ampleur:
L’ampleur ou la force de la crue printanière est également connue sous le nom de débit de pointe. L’ampleur du débit de pointe détermine les niveaux d’eau de pointe. Le débit de pointe est déterminé par le moment précis auquel l’eau maximale de la fonte des neiges et de la pluie s’écoule dans la rivière. Les principaux facteurs influençant cette ampleur sont:
- La vitesse à laquelle la couverture de neige fond;
- La présence ou l’absence de systèmes météorologiques avec de fortes pluies pendant la période de fonte;
- La durée et l’endroit qui est touché par ces systèmes.
Le ruissellement des pluies sur la partie nord du bassin peut prendre jusqu’à trois semaines pour s’écouler dans le bassin versant. C’est parce que le bassin est grand et que la rivière est très longue. Pour cette raison, la succession d’événements météorologiques anormaux peut avoir un effet cumulatif sur les débits de pointe — par exemple, de fortes pluies dans la partie nord du bassin, suivies de fortes pluies dans la partie sud du bassin une semaine plus tard. La crue de 2017 est un très bon exemple de ce phénomène où deux grands systèmes consécutifs ont affecté le bassin. Malheureusement, ces systèmes rares ne peuvent être prévus que quelques jours à l’avance. Pour plus d’informations à ce sujet, cliquez ici.
Les conditions météorologiques varient d’un jour à l’autre et d’une année à l’autre. De nombreux facteurs peuvent influencer les crues printanières importantes, et aucune crue ne se ressemble exactement. Les conditions météorologiques peuvent sembler similaires certaines années. Cependant, des conditions météorologiques différentes, sur différents secteurs du bassin, modifient considérablement le degré de gravité des inondations.
Deux années qui semblent avoir des caractéristiques météorologiques similaires peuvent avoir des crues printanières très différentes. Par exemple, dans la région du lac Coulonge, des inondations ont eu lieu en 1985 et ne se sont pas produites en 1984. Pourtant, les deux années ont connu des précipitations totales similaires.
L’endroit où les précipitations se produisent et si elles tombent sur une période courte ou longue peuvent affecter un emplacement particulier de différentes manières. Dans le cas des inondations dans la région du lac Coulonge, le débit de pointe de la rivière Coulonge au printemps 1985 était environ deux fois plus important qu’en 1984. De plus, les inondations sur les affluents non contrôlés sont indicateurs que les précipitations reçues peuvent commencer à causer des inondations en aval.
Un autre exemple est la profondeur et la densité du couvert de neige. Ces paramètres sont une indication de la quantité d’eau contenue dans la neige qui est sujette au ruissellement au printemps. La durée de la fonte des neiges, de même que la sublimation, lorsqu’une partie de la neige va directement dans l’atmosphère, varie d’une année à l’autre, ce qui affecte les quantités de ruissellement. En général, l’eau contenue dans le couvert de neige n’est que l’un des nombreux facteurs pouvant influencer les conditions de la rivière au printemps.
Les inondations le long de la rivière des Outaouais se produisent naturellement. Les inondations ne devraient pas se produire chaque année. En d’autres termes, les crues printanières ne provoquent pas systématiquement un débordement de la rivière dans la zone inondable. Cependant, les conditions météorologiques qui conduisent aux inondations sont souvent cycliques. C’est pourquoi les inondations peuvent également être cycliques. Le risque d’inondation est souvent décrit comme une probabilité d’occurrence. Au cours d’une même année, il y a cinq chances sur cent, ou 5% de chance, d’avoir une inondation de taille moyenne (soit une inondation de 20 ans) et il y a 1% de chance d’avoir une inondation très importante (soit une inondation de 100 ans).
Les phénomènes météorologiques cycliques tels que La Niña et El Niño peuvent entraîner des périodes prolongées de temps humide ou sec, par exemple sur plus d’une saison. Il y a eu plusieurs inondations de taille moyenne à importante dans les années 70, qui ont été suivies d’une période de près de quarante ans avec relativement peu d’inondations. Comme le montrent les figures ci-dessous, des périodes de temps sec et humide ont alterné dans le passé.
On s’attend à ce que les changements climatiques modifient le débit des cours d’eau dans de nombreuses parties du Canada. L’effet que cela aura sur les inondations variera en fonction de l’emplacement et pourrait également changer au fil du temps. Des inondations importantes le long de la rivière des Outaouais se sont produites dans les années 1920, 1950, 1970 et plus récemment en 2017, 2019 et 2023. Des inondations se reproduiront à nouveau, mais pas chaque année. La variabilité naturelle du temps est telle que des périodes de temps plus sec ou plus proche de la normale sont susceptibles de se reproduire.Il est important pour les résidents de savoir où leur propriété se situent par rapport à la zone inondable de la rivière. Plusieurs secteurs qui sont sujets aux inondations ont été cartographiés à partir des années 1980 suite à l’implantation du Programme de réduction des dommages causés par les inondations. Plus récemment, plusieurs municipalités ont bénéficié d’un soutien par l’entremise de programmes gouvernementaux d’aide à l’adaptation aux changements climatiques pour mettre à jour leur cartographie des zones inondables tels que le Plan de protection du Territoire face aux inondations du Québec et le programme fédéral de 2018 intitulé Cadre fédéral de la cartographie des zones inondables.
À l’automne, l’évapotranspiration est réduite et les sols restent humides plus longtemps après la pluie et ne peuvent donc pas absorber autant de précipitations qu’en été. Lorsqu’il pleut, plus d’eau ruisselle vers les ruisseaux et la rivière des Outaouais, ce qui fait augmenter les niveaux d’eau.
À l’automne, les jours raccourcissent et les températures se refroidissent. Cela provoque la dormance de la végétation. Les arbres perdent leurs feuilles et la végétation cesse de pousser. Avec moins de feuillage, la végétation n’intercepte pas autant les précipitations et absorbe moins l’eau contenue dans le sol. Ce phénomène naturel conduit à moins d’évaporation d’eau des surfaces et à moins de transpiration. La transpiration se produit lorsque les plantes transforment l’eau du sol en vapeur. Des taux d’évapotranspiration réduits signifient que le sol reste saturé d’eau de pluie pendant une période plus longue. L’eau de pluie qui ne s’infiltre pas dans le sol est appelée ‘surplus de pluie’. Ce surplus d’eau s’écoule en surface jusque dans les lacs et les ruisseaux. Puis, l’eau des ruisseaux finit par atteindre la rivière des Outaouais. À l’automne, dans la plupart des régions le long de la rivière des Outaouais, plus le volume d’eau s’écoulant dans la rivière est grand, plus les niveaux d’eau seront élevés. À l’automne, il est fréquent de voir les niveaux d’eau augmenter rapidement lorsque de fortes pluies se produisent sur une partie importante du bassin versant.
Comme le montre la figure ci-dessus, cette plus grande influence des précipitations sur le ruissellement à l’automne entraîne une plus grande variabilité du débit de la rivière et du volume global. Cette figure représente la plage des conditions normales de débit de la rivière Petawawa, une rivière naturelle qui n’est pas influencée par des structures de contrôle. La bande verte de la figure représente la plage normale des valeurs de débit observées et est constituée des débits qui ont été observés dans la rivière 50% du temps au cours des 30 dernières années. Pour un jour de l’année donné, la médiane (indiquée par le percentile 50%) est la valeur médiane de toutes les conditions observées au cours des 30 années précédentes. Les percentiles 25% et 75% définissent les limites de la plage des conditions normales. Une bande verte plus large signifie que les débits varient davantage à cette période de l’année. En revanche, une bande verte plus étroite signifie que les conditions sont moins variables.
Comme dans la rivière Petawawa, les débits le long du cours principal de la rivière des Outaouais varieront davantage à l’automne. Sur le plan opérationnel, les principaux réservoirs situés dans les zones d’amont du bassin sont pleins à cette période de l’année. Tous les surplus de pluie qui entraînent une augmentation des apports dans les réservoirs doivent être évacués des réservoirs, car il n’y a pas de stockage disponible pour retenir cette eau. Pour en savoir plus sur la gestion des barrages dans les principaux réservoirs, cliquez ici.
Sur le tronçon principal de la rivière des Outaouais, l’augmentation du débit de la rivière ne nécessite pas de changements importants dans l’exploitation des installations hydroélectriques. À l’automne, les niveaux d’eau des installations hydroélectriques peuvent, afin de respecter les engagements en matière de loisirs, se situer à l’extrémité supérieure de leur plage d’exploitation normale afin de respecter leurs engagements socio-récréatifs. L’augmentation du débit d’automne pourrait faire augmenter les niveaux d’eau au-delà de la plage normale d’exploitation temporairement. Cette augmentation des niveaux d’eau n’est associée à aucun risque d’inondation. Il est important de noter que l’état des rivières est surveillé de près tout au long de l’année. Si les prévisions annoncent un risque potentiel d’inondation, ce qui est rare à l’automne, les niveaux aux principales installations hydroélectriques sont ajustés pour faire place au ruissellement naturel. Pour plus d’informations sur ces opérations, reportez-vous à la FAQ 5.
Au printemps, la quantité de ruissellement augmente, ce qui fait gonfler les cours d’eau. Les restrictions naturelles de la rivière, telles que les rapides, deviennent plus apparentes pendant les périodes de débits élevés et font monter les niveaux d’eau dans tout le système fluvial. Tout comme l’eau s’écoulant dans un entonnoir, l’eau s’écoulant à travers les rétrécissements de la rivière est restreinte et refoule à mesure que le débit augmente. L’effet de ces caractéristiques naturelles de la rivière a un impact sur les sections de rivière en amont et peut s’étendre sur plus de cinquante kilomètres. Référez-vous à la partie C pour plus d’informations sur l’effet des caractéristiques des rivières sur les niveaux d’eau.
Pendant les périodes de débits élevés causant des inondations, le cours principal de la rivière (entre le lac Témiscamingue et le secteur de Deux-Montagnes) est considéré comme non contrôlé. En effet, dans cette section de la rivière, l’eau ne peut pas être stockée pour réduire le débit de la rivière ou les niveaux d’eau associés. Lors d’un événement à forts débits, les débits élevés de la rivière combinés aux caractéristiques naturelles de la rivière déterminent les niveaux d’eau dans la rivière. Essayer de retenir l’eau en maintenant des niveaux d’eau plus élevés en amont des barrages entraînerait une augmentation des inondations pour les riverains en amont de ces structures. Cela peut également mettre en danger les structures de barrage elles-mêmes qui ont une capacité de stockage limitée. Référez-vous à la partie D pour plus d’informations sur le stockage de l’eau le long du cours principal de la rivière des Outaouais.
C’est pourquoi les installations situées en aval du lac Témiscamingue, sur la rivière des Outaouais, fonctionnent comme des barrages au fil de l’eau. À mesure que le débit de la rivière augmente, la plupart de ces installations doivent abaisser leurs niveaux d’eau en amont. Ils le font pour limiter les inondations dans les communautés situées en amont. Ils maintiennent les niveaux d’eau aussi près que possible des conditions naturelles — c’est-à-dire les conditions avant la construction des centrales et des barrages.
Il y a plusieurs barrages et centrales hydroélectriques situés entre le lac Témiscamingue et la région de Deux-Montagnes. Le texte ci-dessous fournit une description générale de la façon dont l’eau est gérée à ces installations. Cependant, les caractéristiques de chaque installation diffèrent selon l’emplacement et il est préférable de contacter chaque gestionnaire individuellement pour obtenir des informations spécifiques. Pour plus d’informations sur la gestion de l’eau à l’installation Des Joachims (Swisha), veuillez consulter la FAQ 6.
Partie A: Comment les installations au fil de l’eau sont-elles généralement exploitées?
Les installations au fil de l’eau ne peuvent pas retenir de grandes quantités d’eau pour une longue période comme le font les principaux réservoirs. C’est parce qu’ils ont une capacité de stockage minimale.
Dans ces installations, avant les périodes de débits élevés, le niveau de l’installation est abaissé pour s’assurer que l’inondation en amont ne sera pas aggravée pendant l’événement de forts débits. Une fois le niveau abaissé, l’installation continue de faire passer l’eau qui arrive au barrage. Ceci est connu comme « suivant le fil de l’eau ». Pendant cette période où les niveaux sont maintenus bas, le débit d’eau à travers l’installation est le même que le débit de la rivière.
Lors du passage de la crue, les exploitants de ces barrages ajustent la quantité d’eau passant à l’installation à mesure que le débit de la rivière augmente. De même, ils laissent passer moins d’eau à l’installation lorsque le débit de la rivière diminue.
Laisser passer plus d’eau à travers une installation se fait généralement en enlevant des poutrelles dans les vannes poutrelles ou en ouvrant les vannes. Laisser passer moins d’eau à travers une installation se fait généralement en replaçant les poutrelles ou en fermant les vannes. De plus, une partie du débit passe par les unités (ou turbines) de la centrale qui sont situées sous la surface de l’eau. La quantité d’eau circulant dans les turbines peut varier. C’est pourquoi les opérations d’augmentation ou de diminution du débit dans une installation peuvent passer inaperçues.
Partie B: Pourquoi le niveau d’eau dans ma région est-il si élevé qu’il y a des inondations, alors que le niveau d’eau dans d’autres régions est plus bas que d’habitude?
Des inondations peuvent se produire lorsque le débit de la rivière est trop élevé pour que l’eau puisse s’écouler dans le chenal principal de la rivière et que l’eau est forcée de s’écouler sur les berges ou dans la plaine inondable. Dans certaines zones en amont et à proximité des installations au fil de l’eau, le contraire peut se produire.
Comme les exploitants abaissent les niveaux d’eau pour limiter les inondations en amont, tel qu’expliqué dans la partie A, l’eau juste en amont du barrage semble être anormalement basse. Dans ce bief juste en amont du barrage, les quais peuvent être inaccessibles et les berges, qui sont normalement couvertes d’eau en été et en automne, sont asséchées.
C’est ce qui s’est produit au lac Sainte-Marie en 2017. L’eau de ce lac s’écoule naturellement vers une section de la rivière Gatineau. Les exploitants du barrage dans ce tronçon de la rivière Gatineau ont abaissé le niveau de l’eau devant leur barrage en raison des débits élevés prévus. Abaisser les niveaux d’eau de la rivière Gatineau et du lac-Sainte-Marie revient à vider un seau avant le déluge à venir. Voyez par vous-même comment cela peut sembler étrange quand il n’y a presque pas d’eau en amont et beaucoup d’eau en aval d’un ouvrage en visionnant le reportage produit par Global News en 2017 (en anglais seulement).
C’est aussi ce qui s’est produit le long de la rivière des Outaouais entre Rolphton et Mattawa en 2017 et 2019 dans le tronçon qui est situé en amont de l’installation hydroélectrique Des Joachims. Pour plus d’informations sur la gestion de l’eau à l’installation Des Joachims (Swisha), veuillez consulter la FAQ 6.
Partie C: Pourquoi les exploitants des centrales de Carillon, Chutes des Chats et de Bryson ne font-ils pas baisser le niveau d’eau dans mon tronçon de rivière lorsque des inondations se produisent entre Gatineau (Hull) et Hawkesbury, au lac Chats ou au lac Coulonge?
Les exploitants des centrales de Carillon, Chutes des Chats et de Bryson feraient baisser les niveaux dans les tronçons de rivière situés en amont de leur installation s’ils le pouvaient, mais ce n’est pas physiquement possible de le faire. Ouvrir davantage les vannes ou enlever plus de poutrelles ne ferait pas baisser les niveaux d’eau. Dans la zone inondée en amont de ces installations, les niveaux d’eau sont déterminés par:
- Le débit élevé dans la rivière;
- Les caractéristiques physiques, notamment les restrictions naturelles de la rivière.
Pendant les périodes de forts débits, en cas d’inondation, les exploitants de ces trois installations abaissent le niveau d’eau du bief amont, soit immédiatement en amont de leurs barrages. Abaisser le niveau du bief amont transfère le contrôle des niveaux d’eau dans les zones inondées aux restrictions naturelles qui sont situées dans la rivière en amont de l’installation. Une restriction physique naturelle peut être des passages étroits, des rapides ou des îles. Ces restrictions physiques naturelles existaient bien avant la construction des barrages.
Au printemps, les niveaux d’eau de la rivière augmentent naturellement. En effet, le volume d’eau qui s’écoule dans la rivière est augmenté par le ruissellement naturel de la fonte des neiges et les précipitations. Les restrictions naturelles sur la rivière restreignent le débit d’eau. Dans des conditions d’écoulement naturel, les niveaux d’eau des rivières augmentent à mesure que le débit augmente.
Il n’y a aucun moyen de forcer l’écoulement de l’eau à travers le réseau hydrographique. L’eau doit s’écouler naturellement hors d’une section de rivière. La vitesse est régie par les caractéristiques physiques de la rivière, telles que:
- La pente du lit de la rivière;
- Les passages étroits ou rétrécissements naturels tels que les rapides;
- La largeur de la rivière;
- Le type de lit et de berge de la rivière (par exemple recouvert de roches ou de sable).
Le niveau d’eau à l’installation hydroélectrique doit être suffisamment bas de façon à laisser la rivière contrôler les niveaux amont par ses caractéristiques naturelles.
Partie D: Pourquoi les niveaux d’eau de la rivière des Outaouais ne sont-ils pas abaissés plus tôt pour éviter les inondations? Par exemple, en février.
Baisser les niveaux d’eau plus tôt ne changerait pas l’intensité de la crue printanière. Les installations qui sont exploitées comme des barrages au fil de l’eau pendant les périodes de forts débits ont de faibles quantités d’emmagasinement amont. Il ne faut que quelques jours pour abaisser le niveau de l’eau qui est retenue immédiatement en amont de ces barrages. Au printemps, les exploitants d’installations hydroélectriques suivent de très près les prévisions de l’état des rivières. Ils le font pour savoir quand le ruissellement de la fonte des neiges provoquera une augmentation significative du débit de la rivière. Ils abaissent ensuite les niveaux d’eau de leurs installations en préparation pour l’augmentation du débit.
Abaisser les niveaux d’eau aux installations au fil de l’eau en février, lorsque le débit de la rivière est faible, entraînerait de faibles niveaux d’eau pendant une période prolongée. Possiblement sur une période de 10 semaines. Au début de la crue printanière, l’augmentation du débit des rivières ferait remonter les niveaux d’eau à un moment où les débits sont modérés et pas assez élevés pour provoquer des inondations. Abaisser les niveaux en février n’apporterait donc aucun avantage et ne réduirait pas les inondations. De plus, pendant les périodes de forts débits, le volume de stockage disponible sur le tronçon principal de la rivière est beaucoup trop petit par rapport au volume d’eau qui coule dans la rivière pour réduire les inondations sur le système fluvial.
La réduction de l’impact des inondations pendant la crue printanière et autres périodes de forts débits est obtenue principalement en stockant le ruissellement. Chaque année, une partie du ruissellement printanier est stockée dans les treize réservoirs principaux. Ces réservoirs sont ceux qui sont soumis à une gestion intégrée dans le cadre de la Convention de 1983. Sept de ces réservoirs peuvent influencer le débit de la rivière des Outaouais entre Rolphton et Fort-Coulonge. Les 6 plus au nord sont situés au lac Témiscamingue et plus au nord dans la région de l’Abitibi. Ces 6 réservoirs ont une capacité de stockage importante. Ce sont les premiers à être utilisés dans la stratégie de régularisation pour minimiser les impacts des inondations. Le moment du remplissage à ces endroits est optimisé pour atténuer les inondations tout le long de la rivière des Outaouais en aval du lac Témiscamingue. Cette stratégie de régularisation vise à retenir le ruissellement printanier provenant des secteurs au nord du bassin jusqu’à ce que la première pointe de la rivière des Outaouais soit passée. Cela se produit généralement au cours de la période où les débits dans les rivières locales non contrôlées atteignent leur pointe et que ceux-ci commencent à diminuer. Les rivières Petawawa et Coulonge sont des exemples de rivières tributaires non contrôlées.
L’installation Des Joachims est le septième et le plus petit des réservoirs. Ce réservoir peut créer un effet de refoulement en amont jusqu’à Mattawa. Par conséquent, la stratégie de remplissage du printemps à Des Joachims se compose de deux étapes. Le remplissage en deux étapes a pour but de réduire le risque d’inondation en amont et d’apporter une certaine atténuation des inondations dans les zones en aval.
Au cours de la première étape du remplissage, les niveaux d’eau augmentent généralement à mi-chemin du niveau maximum du réservoir. Cette action aide à atténuer les inondations en aval en utilisant une partie du stockage disponible dans le réservoir. Ce niveau intermédiaire du réservoir permet également de maintenir les bas niveaux d’eau en amont de l’installation et limite l’effet de refoulement. Parfois seules les générations plus âgées qui connaissaient la rivière avant la construction Des Joachims en 1950 se souviennent de ces niveaux bas ou naturels à Deux-Rivières.
La deuxième étape du remplissage consiste à remplir le reste du réservoir. Elle n’est achevée que lorsque la probabilité d’inondation en amont à Mattawa est réduite. Cette étape ramène le réservoir à ses niveaux de fonctionnement normaux.
Les résidents le long du lac Coulonge observeront des stratégies d’atténuation des inondations similaires à l’installation située en aval de leur localité — plus précisément, l’abaissement des niveaux d’eau en amont des installations de Rocher Fendu et de Bryson. Dans ces installations, les niveaux d’eau sont maintenus à une hauteur plus basse pendant la crue printanière lorsque cela est nécessaire. Cela est fait pour minimiser les niveaux en amont. Pour plus d’informations sur les opérations typiques des installations au fil de l’eau, référez-vous à la FAQ 5.
Le moment où une inondation se produit et la mesure dans laquelle différents endroits sont inondés dépendent:
- Des conditions météorologiques sur des zones particulières du bassin;
- Des caractéristiques naturelles de la rivière en aval, telles que les rétrécissements et les rapides;
- De l’emplacement géographique de l’endroit par rapport aux principaux réservoirs du nord.
Les conditions météorologiques varient d’une année à l’autre et d’un secteur à l’autre du bassin versant.
Pour plus d’informations sur les facteurs météorologiques qui contribuent aux inondations, référez-vous à la FAQ 1.
Oui. En 2019, la fonte de l’important couvert de neige, associée à des pluies abondantes, a provoqué des inondations historiques sur la rivière des Outaouais et ses affluents.
En 2019, à plusieurs endroits dans le bassin versant, l’eau contenue dans le couvert neigeux était le double de celle d’une année normale au début du printemps. Le printemps a été tardif avec des températures inférieures à la moyenne et la neige s’accumulait encore sur une grande partie du bassin versant au début d’avril. Avec peu de soleil et des températures plus fraîches qu’à la normale, il y a eu peu de réduction du couvert neigeux au début du printemps.
Il y a eu deux fois plus de pluie que d’habitude en avril. Une séquence d’événements de fortes pluies qui a commencé pendant le long week-end de Pâques a ajouté plus de ruissellement dans la rivière. Par exemple, le 18 avril 2019, deux événements pluvieux majeurs du Colorado et du Texas se sont fusionnés pour apporter 20 à 50 mm de précipitations sur une grande partie du bassin de la rivière des Outaouais. Ces événements pluvieux ont apporté de l’eau supplémentaire à un moment où les cours d’eau étaient déjà gonflés par un volume important d’eau provenant de la fonte des neiges. Ces événements météorologiques étaient les premiers parmi bien d’autres qui auraient un impact sur le bassin versant et augmenteraient les niveaux d’inondation. Communiqués de presse 2019 disponibles ici.
De nombreux affluents de la partie centrale du bassin versant (rivières Petawawa, Coulonge, Madawaska, Petite Nation et Rouge) ont connu des débits records. D’autres affluents, comme les rivières Mississippi et Bonnechère, ont également subi d’importantes inondations affectant les communautés le long de leurs rives. De nombreux petits affluents ont également connu des débits élevés sans précédent qui ont emporté des portions de routes et de ponceaux. Ensemble, les débits des affluents ont fourni des quantités exceptionnelles de ruissellement printanier dans la rivière des Outaouais et ont provoqué la première pointe de crue entre le 29 avril et le 1er mai.
À certaines périodes de l’année, la rivière des Outaouais a un effet considérable sur le débit du fleuve Saint-Laurent —surtout dans la région de l’archipel de Montréal.
Le Bureau de régularisation des Grands Lacs et du Saint-Laurent effectue les activités de régularisation au jour le jour pour le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. C’est pourquoi le Comité de régularisation de la rivière des Outaouais et le Bureau de régularisation des Grands Lacs et du Saint-Laurent travaillent ensemble. Les deux groupes assurent la liaison afin de partager les prévisions de débit pertinentes de la rivière des Outaouais.
Le Plan 2014 n’impacte pas les niveaux d’eau et les débits de la rivière des Outaouais en amont du barrage de Carillon pour des raisons bien concrètes :
- Caractéristiques actuelles de la rivière : Dans toutes les conditions, même lorsque les niveaux d’eau sont très élevés dans la région de Montréal, il est physiquement impossible de refouler l’eau du fleuve Saint-Laurent (lac Saint-Louis) jusque dans le tronçon de la rivière des Outaouais en amont du barrage de Carillon. La différence entre les niveaux en amont du barrage et ceux du fleuve est trop grande. La différence entre les niveaux à différents endroits le long de la rivière est illustrée sur cette figure.
- Une grande partie de l’eau de fonte et des précipitations est non régularisée : L’eau de la fonte des neiges et des pluies provenant des parties centrale et sud du bassin de la rivière, qui représentent environ 60% de la superficie du bassin, est non régularisée. Ainsi, les exploitants de barrages qui sont situés dans ces parties ne peuvent pas emmagasiner l’eau dans la rivière puisqu’il n’y a très peu de capacité de stockage à ces ouvrages. Il est vrai que ces ouvrages régularisent les niveaux d’eau du tronçon principal de la rivière à presque tous les endroits pendant une bonne partie de l’année (soit en dehors des périodes de débits forts). Cependant, les débits de la rivière sont si forts durant la crue printanière que les exploitants de barrages n’ont d’autre choix que d’opérer leurs installations comme si elles étaient au fil de l’eau, laissant passer toute l’eau qui arrive au barrage. Les opérations ne pourraient donc pas être soumises aux restrictions qui seraient imposées par le Plan 2014 pour le fleuve Saint-Laurent. Pour plus d’informations sur la gestion de l’eau des barrages au fil de l’eau référez-vous à la FAQ 5.
- Pas de régularisation par le barrage de Carillon en période d’inondation : En dehors des périodes de crue printanière, l’ouvrage régularise les niveaux d’eau en amont du barrage. On observe, durant ces périodes, une différence d’environ 50 cm entre les niveaux d’eau à Hull-Ottawa et le barrage de Carillon. Au cours des crues printanières de 2017 et 2019,comme montré à dans la figure ci-dessous, c’est une différence de 450 cm (4,5 m ou environ 15 pieds) qui était observée entre ces deux endroits. Pendant les périodes de forts débits, les niveaux d’eau dans le tronçon de la rivière en amont du barrage sont gouvernés par le fort débit de la rivière et les rapides à Grenville (aussi connu sous le nom de rapides du Long Sault) qui se situent à une vingtaine de kilomètres en amont du barrage. Durant ces périodes, le barrage de Carillon est exploité comme un ouvrage au fil de l’eau, laissant passer toute l’eau qui arrive au barrage, afin que les conditions en rivière ne dépassent pas les conditions que la rivière aurait connues sans le barrage.
Les organismes québécois et ontariens impliqués dans la gestion des principaux réservoirs de la rivière des Outaouais forment le Comité de régularisation de la rivière des Outaouais.
Le Comité de régularisation communique quotidiennement tout au long de la saison de la crue printanière. Par exemple, une cinquantaine de conférences téléphoniques ont été tenues lors de la crue printanière de 2019 par ce groupe.
De plus, les exploitants des principaux réservoirs évaluent en continu les conditions actuelles et prévues de la rivière.
Le Comité de régularisation détermine également les actions qui peuvent être entreprises pour contribuer à réduire les impacts des inondations (en augmentant ou diminuant les débits des principaux réservoirs). Il communique également des informations importantes sur les conditions des rivières aux agences gouvernementales et au public.
Non, la production hydroélectrique est plus efficace avec un niveau d’eau élevé en amont du barrage et de faibles niveaux d’eau en aval. Lors d’un événement d’inondation, le contraire se produit. Au cours d’une inondation, les niveaux d’eau dans la section de la rivière en amont des installations hydroélectriques sont abaissés pour limiter les inondations dans les communautés situées en amont. Les niveaux d’eau en aval sont naturellement élevés en raison des débits élevés des rivières. En termes de demande, la période de crue n’est pas associée à des besoins électriques élevés. Une forte demande électrique se produit généralement en hiver ou en été pendant les vagues de chaleur.
L’atténuation des inondations et la sécurité du public sont les objectifs prioritaires des activités de gestion de l’eau entreprises par Hydro-Québec et Ontario Power Generation. Cela est particulièrement vrai lors de la fonte printanière. Les conditions en rivière lors de périodes de fortes crues ne constituent pas des conditions efficaces pour produire de l’énergie hydroélectrique. De plus, les forts débits qui causent des inondations entraînent le déversement d’un excès d’eau par les vannes de l’ouvrage. Une grande partie des eaux de crue ne traversent pas les turbines de production et ne produisent donc pas d’électricité. Les inondations ne procurent donc aucun avantage à Hydro-Québec ou à Ontario Power Generation.
Non. Toutes les communautés situées en aval des principaux réservoirs bénéficient de l’eau qui est stockée et qui, par conséquent, ne peut pas s’écouler en aval pendant la crue printanière.
Les impacts liés aux inondations dans l’archipel de Montréal sont atténués en emmagasinant (ou en stockant) le ruissellement printanier dans les principaux réservoirs afin de réduire les pointes des crues dans les secteurs en aval. Puisque les principaux réservoirs sont situés principalement dans les secteurs nord du bassin de la rivière des Outaouais et que l’eau s’écoule du nord au sud, toutes les sections de la rivière bénéficient du stockage de l’eau lorsque se produit une inondation. De plus, étant donné que les débits de pointe se produisent à différents endroits le long de la rivière, à l’intérieur de deux à trois jours l’un de l’autre, le bienfait d’utiliser l’emmagasinement dans les réservoirs pour réduire les débits de pointe s’applique à l’ensemble de la rivière. Par exemple, dans la partie supérieure de la rivière des Outaouais, la ville de Mattawa bénéficie de la présence des six réservoirs situés dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Par conséquent, la ville profite de débits inférieurs à ce qu’elle aurait eu s’il n’y avait pas de réservoirs en amont. Par ailleurs, les résidents de communautés plus en aval comme Constance Bay, sur le lac Deschênes, bénéficient de huit réservoirs pouvant stocker l’eau. Deux réservoirs sont situés sur la rivière Gatineau et trois autres sur la rivière du Lièvre qui se jettent dans la rivière des Outaouais en aval du lac Deschênes. Ainsi, le tronçon inférieur de la rivière entre le lac Deschênes et la région de Hawkesbury-Grenville bénéficie des treize réservoirs principaux, tout comme la région de Montréal qui en bénéficie aussi.
Les changements climatiques, en particulier les fortes pluies qui augmentent, devraient provoquer des inondations plus fréquentes et plus importantes dans les petits bassins versants ou systèmes de drainage, comme ceux des villes. Certaines études montrent que certaines villes connaissent déjà davantage d’inondations car leurs systèmes de drainage ne gèrent pas bien les eaux de fortes pluies (voir RCI 2020, PNAS 2020 – en anglais seulement). Pour de grands territoires comme le bassin versant de la rivière des Outaouais, il n’est pas si clair comment les changements climatiques affecteront les inondations. Une étude réalisée par Ouranos en 2019 suggérait qu’il pourrait y avoir moins de risques d’inondations le long de la rivière des Outaouais dans cent ans, mais qu’ils pourraient augmenter d’ici là (voir Ouranos 2019, Climate Dynamics 2019 – en anglais seulement). Il y a beaucoup d’incertitude dans ces études et nous ne pouvons pas être certains des conditions météorologiques que connaîtra la région dans le futur.
Les inondations peuvent être causées par un mélange de facteurs, tels que la quantité de pluie, l’épaisseur de la couverture de neige, la vitesse de fonte de la neige et la quantité d’eau qui s’évapore du sol et de la couverture de végétation. Les changements climatiques peuvent perturber ces facteurs.
Voici comment ces facteurs pourraient changer :
- Plus de pluie: L’air plus chaud peut contenir plus d’eau (sous forme d’humidité), ce qui entraîne davantage de pluie et augmente le risque d’inondations importantes.
- Couverture de neige variable: Des hivers plus chauds peuvent signifier plus de neige, mais aussi plus de fonte. Ainsi, la quantité de neige à la fin de l’hiver peut varier grandement d’un hiver à l’autre.
- Fonte plus rapide de la neige : Une atmosphère plus chaude peut faire fondre la neige plus rapidement, augmentant le risque d’inondation.
- Plus d’évapotranspiration: Lorsque l’air est plus chaud, plus d’eau peut s’évaporer du sol et des plans d’eau – et les plantes vont transpirer davantage d’eau, ce qui diminue le risque d’inondation.
Le risque d’inondation dépend également du temps qu’il fera chaque printemps. Celui-ci peut varier grandement d’une année à l’autre car il est influencé par plusieurs éléments non prédictibles comme le courant-jet. Les changements climatiques peuvent également affecter le temps qu’il fera.
En conclusion, il n’est pas clair comment tous ces facteurs se combineront avec les changements climatiques. Cependant, la Commission de planification prévoit une plus grande variabilité saisonnière dans les débits de la rivière des Outaouais dans les années à venir.
Comment la Commission de planification se prépare-t-elle aux impacts des changements climatiques?
La Commission de planification se prépare depuis quelques temps aux changements climatiques. Selon les recherches, les changements climatiques pourraient rendre les conditions pendant le dégel du printemps plus imprévisibles. Comme les barrages et les réservoirs peuvent être utilisés de différentes manières pour gérer diverses situations, l’accent a été mis sur l’amélioration de la surveillance et de la prédiction des changements quotidiens des conditions hydriques du bassin versant de la rivière.
Des inondations se produisent au non, en partie, en fonction du temps qu’il fera pendant la période de dégel. Pour s’adapter aux changements attendus dans les conditions météorologiques à court terme, la Commission de planification investit dans l’amélioration de la façon dont elle prédit et modélise les débits des rivières. Cela peut être réalisé en utilisant de nouvelles technologies, comme des capteurs pour surveiller la couverture neigeuse dans le bassin de la rivière des Outaouais. L’utilisation de capteurs permet de surveiller la quantité d’eau stockée dans la couverture de neige quotidiennement, comparé à toutes les deux semaines avec la technologie précédente. Ceci aide à prédire la quantité d’eau supplémentaire qui pourrait se diriger vers la rivière au moment de la fonte, donc à évaluer le risque d’inondation.
Après les inondations de 2017, la Commission de planification a compris qu’elle devait renforcer son approche en matière de communications. Elle a amélioré son site Web, commencé à donner des mises à jour plus fréquentes sur les conditions de la rivière et participent à diverses réunions pour sensibiliser les gens à son travail et au fait que la régularisation de l’eau par les principaux réservoirs ne peut pas prévenir toutes les inondations. Elle aide également les exploitants de barrages et de réservoirs à collaborer de manière plus efficace à la gestion de l’eau pendant les périodes sèches, comme durant l’été 2021.
Il est important de noter que la Commission de planification ne gère pas directement les risques d’inondation ou de sécheresse. Par exemple, la Commission n’est pas impliquée dans la cartographie des zones inondables et les considérations de sécurité des barrages, car ce sont les agences provinciales qui en sont responsables. Le principal travail de la Commission est de soutenir la gestion collaborative de l’eau par les exploitants de barrages et de réservoirs dans le bassin de la rivière des Outaouais, pour réduire les impacts liés aux inondations et aux étiages le long de la rivière des Outaouais et de ses tributaires tout en maintenant les utilisations bénéfiques de l’eau dans le bassin.
Empêcher les inondations de se produire à tous les endroits le long du cours principal de la rivière des Outaouais n’est pas envisageable pour de nombreuses raisons. La raison principale est que la superficie des terres nécessaires pour construire de nouveaux réservoirs ou agrandir les réservoirs existants est si grande que plusieurs collectivités et infrastructures devraient être déplacées. De tels projets se heurteraient à une forte opposition. Des études réalisées, il y a une quarantaine d’année, montraient déjà que les coûts associés à de telles structures dépassaient largement les bénéfices qu’ils pourraient apporter. Bien que les coûts attribuables aux inondations aient augmenté au cours des quatre dernières décennies, les coûts des grands projets d’infrastructure ont également augmenté au cours de cette période. Ainsi, les résultats de cette étude sont encore considérés comme pertinents aujourd’hui.
Dans le bassin de la rivière des Outaouais, le ruissellement printanier (soit l’eau de fonte combinée à l’eau de pluie) est emmagasiné dans plusieurs grands réservoirs au printemps. Contenir l’eau de ruissellement pendant une longue période de temps dans ces réservoirs, que l’on appelle ‘réservoirs principaux’, permet de prévenir ou de réduire les inondations printanières le long du cours des rivières situées en aval.
Des inondations peuvent se produire sur le cours principal de la rivière lorsqu’une des situations ci-dessous (ou une combinaison de celles-ci) se produit :
- Dans 40% du bassin versant où le ruissellement printanier s’écoule dans les réservoirs principaux, le volume de ruissellement est plus important que ce que les réservoirs peuvent retenir, et
- Dans l’autre 60% du bassin versant, il y a un ruissellement printanier important, car c’est un territoire où il n’y a pas de réservoirs principaux pour aider à contenir le volume d’eau.
Conséquemment, plusieurs résidents s’interrogent sur la possibilité de construire d’autres réservoirs ou d’agrandir des réservoirs existants afin d’augmenter la capacité de stockage et ainsi diminuer davantage les risques d’inondations en aval.
Des études réalisées au début des années 80 ont démontré que, bien qu’il semblait possible d’accroître la capacité de stockage de certains réservoirs existants ou d’en implanter de nouveaux sur certains tributaires, les coûts de construction dépasseraient largement les avantages escomptés par la réduction des crues. Dans la partie inférieure du bassin, où se trouve la région la plus peuplée d’Ottawa-Gatineau et où la présence de stockage supplémentaire serait le plus bénéfique, peu de sites semblaient se prêter à une réduction significative des crues. C’est que la topographie plane de la partie sud du bassin ne se prête guère à la construction de nouveaux réservoirs. Les emplacements en rivière avec des berges plus raides et plus élevées peuvent contenir un plus grand volume d’eau sur une zone plus petite par rapport aux endroits plus plats.
Depuis ces études, il y a environ quarante ans, les lois liées à la protection du milieu aquatique sont beaucoup plus strictes et il serait à prévoir que l’opposition à la construction de nouveaux réservoirs serait bien réelle. De plus, l’aménagement du territoire s’est poursuivi dans bien des endroits et la construction de nouveaux réservoirs nécessiterait la relocalisation de bien des résidents. Il faudrait examiner quels impacts sociaux et culturels les changements apportés au territoire, notamment le besoin d’être relocalisé, aurait sur les communautés affectées, y compris les impacts sur les activités traditionnelles. En bref, si de nouvelles études étaient réalisées aujourd’hui, de nouveaux critères tels que les impacts sociaux et environnementaux, le risque et l’acceptabilité sociale seraient pris en considération.
Les experts sont d’accord pour dire que l’aménagement d’un réservoir pour modifier le régime hydraulique de la rivière n’offre pas de garantie totale contre les risques d’inondation. En fait, il protège contre les inondations les plus probables, par exemple, les crues de 10% de chance de survenir chaque année (inondation de 10 ans) et 5% de chance (inondation de 20 ans), alors que c’est justement les moins probables, par exemple 1% de chance de survenir chaque année (inondation de 100 ans), qui s’avèrent souvent les plus désastreuses.
À titre d’illustration, le volume du ruissellement printanier en 2019 était si important qu’il aurait fallu un nouveau réservoir environ quinze fois plus grand que le réservoir Des Joachims. Un tel réservoir, si un emplacement approprié pouvait être identifié, inonderait tellement de terres qu’il est difficile d’imaginer qu’il serait acceptable sur le plan environnemental ou social. À titre de comparaison, en supposant une profondeur moyenne de 15 mètres, ce nouveau réservoir couvrirait plus de 220 kilomètres carrés, soit presque la même superficie que le lac Témiscamingue.
La Commission de planification n’est pas mandatée par les gouvernements pour réaliser de nouvelles études portant sur la construction de nouveaux réservoirs ou l’agrandissement des réservoirs existants. Cependant, la Commission est disponible pour participer à toutes éventuelles études dans ce domaine.